martedì 14 aprile 2015

Les Hauts Plateaux du Vercors

J'ai eu la chance de voir plein d'endroits magnifiques aux quatre coins de la superbe planète-toupie qui nous abrite, mais rarement j'ai ressenti ce que je ressens quand je franchis la limite, virtuelle mais perceptible, de la Réserve Naturelle des Hauts Plateaux du Vercors, entre l'Isère (38) et la Drôme (26).
J'y ai fait plusieurs excursions, en toutes les saisons, et la culmination naturelle a été la traversée totale des Hauts Plateaux enneigés, en solitaire, que j'ai choisi comme façon de prendre congé de Grenoble après trois mois intenses où elle m'a servi de base pour visiter toutes les montagnes qui la serrent aimablement entre leurs bras rocheux.

Mais c'est aussi le tout début de mon prochain voyage, que vous allez découvrir au fil de mes prochains posts..

Me voilà donc au départ de la maison familiale, avec l'aimable participation de mon cher frère qui, malgré notre soirée arrosée de la veille, s'est réveillé de bon matin et m'a aidé à remonter la Drôme jusqu'à Crest, où le relais a été pris par un chauffeur de bus qui m'a conduit à Die.

Ici, la nécessité de rejoindre le Col de Rousset qui sera pour moi la porte d'entrée des Hauts Plateaux, me pousse à faire du stop et me concède une brève mais intense rencontre humaine: une très gentille dame qui montait elle aussi dans le Vercors pour une rando, mais avec une finalité différente..

Elle montait avec les cendres de son mari pour les épandre en haut, avec les chamois, dans ces montagnes qu'ils aimaient tellement parcourir ensemble..

Une situation très touchante,d'autant plus que je partage cette manière de retourner à la Terre à la fin de notre existence.  

Je souhaite une très agréable journée et une bonne cérémonie à ma compagne de montée et je commence là, à 1.254 m, ma traversée.


Malgré mon habitude et aptitude à voyager seul et à passer plusieurs moment en solitude totale, ces derniers moments je n'avais vécu la montagne qu'en compagnie d'autres personnes, soit en grands groupes (le Club Alpin Français Grenoble Isère avec lequel j'ai fait plein de sorties sur Grenoble et ses alentours), soit en petits groupes avec des amis qui venaient me rendre visite et que je me faisais un plaisir d'accompagner à la montagne.

Voilà pourquoi cette traversée à été un retour à cette solitude dans laquelle j'ai rejoint les points culminants de l'amplitude d'émotions prouvables..

Je monte donc aux Hauts Plateaux. Seul.


Une fois en haut, après une montée plutôt raide avec un gros sac, la vue magnifique, d'un coté sur les Hauts Plateaux, de l'autre sur la Vallée du Diois, et l'émotion de vivre ça seul à nouveau, font monter en moi une sensation de joie qui culmine en larmes, que je ne peux arrêter pendant les dix minutes qui suivent.


La vue coupe le souffle, et sur le fond de la Vallée de Die, une volée d'oiseaux noirs, probablement des étourneaux, attire mon attention. Une buse, parmi eux, me relance les larmes avec son allure royale et son élégante envergure..
Je vois de loin la chaîne de sommets du Vercors avec le Grand Veymont en premier.. Il sera tout le temps mon meilleur point de repère et ma muse préférée pour les photos.


L'arrivée au premier refuge sur mon passage, la Cabane de Pré Peyret (1.600 m) coïncide avec l'apparition des premières neiges..


 ..et au départ de celle-ci après une petite pause de 5 minutes pour restaurer mon hydratation je me rends compte que le manteau neigeux est atteint par le fort soleil et ne soutient pas le poids de mon grand corps et de mon gros sac, en me faisant percer la faible croûte presque à chaque pas, et en me retrouvant avec la neige au genou..Je décide donc de chausser les raquettes à neige que je transportais et qui me serviront pendant presque toute la traversée, en les déchaussant seulement pour certains passages rocailleux.




Toujours avec le Grand Veymont dans le viseur, j'avance en direction de la partie la plus sauvage des Hauts Plateaux, le poids de mon sac qui commence à atteindre mes épaules et le soleil qui brûle petit à petit ma peau dégarnie et toujours pas habituée au fort soleil d'altitude de ces derniers jours.
La sensation d'être seul au milieu de cette vaste étendue me donne un élan de communion avec la Nature que je n'éprouvais plus depuis quelques mois..

J'arrive donc à la Grande Cabane, presque dessous le Grand Veymont, et continue mon shooting indiscret de celui-ci depuis toutes les positions qui semblent être un cadre digne de sa silhouette majestueuse..


Je continue d'un bon pas et après une halte à la Source des Serrons pour remplir les gourdes..


...je continue en direction de la Jasse de la Chau (un endroit emblématique pour moi car lors d'une précédente visite au mois d'août avec mon frère, nous avions dû bivouaquer, comme environ 40 autres personnes, autour de la Source de la Chau qui, avec son goutte-à-goutte, était le seul endroit où pouvoir avoir de l'eau dans tous les Hauts Plateaux, qui en été, suite à leur conformation très calcaire et poreuse, ne retiennent pas l'eau et en font un grand problème)..

mais ça, c'est l'été!!


J'arrive vers 18 heures, non sans une pointe de soulagement, à l'endroit prévu pour passer la nuit, le Refuge de la Jasse du Play (1.629 m)


L'intérieur, pouvant accueillir plus de vingt personnes, est aujourd'hui vide..je serai toute la nuit le seul, chanceux occupant.


J'ai, dans l'objectif de passer une agréable nuit, monté un rondin de bois et du bois d'allumage pendant tout le trajet, car je savais que l’approvisionnement des cabanes en bois est irrégulier et que en fin de saison froide il risquait de n'y avoir presque plus de bois pour faire du feu dans le poêle à bois.
Cette décision m'a permis d'aller me coucher après 4 heures de feu avec 14 degrés!  


Voici un dernier aperçu de la vue en sortant de la Cabane, avant que le soleil ne se couche..


..et une petite vue du haut de la cabane.


Je décide de consommer mon dîner de risotto lyophilisé devant le soleil qui se couchait derrière les montagnes.. 


Les dernières lumières de soleil, mes préférées, donnent un teint orangé, puis rose aux reliefs en face de moi..malheureusement l'appareil photo n'est pas aussi sophistiqué que notre œil, et en tous cas je ne sais pas m'en servir assez bien, donc l'image suivante n'est qu'un pâle sosie de l'image étonnante que je garde en moi.. 


Le matin suivant je me réveille à 5h30, prépare mon sac, me fais à manger et bois un thé chaud et à 7h, aux premières lueurs du jour, je quitte le Refuge pour continuer ma traversée, le chant des oiseaux contribuant à l'instauration de ma bonne humeur..




Comme il en était pour les photos prises aux coucher de soleil, même le lever de soleil m'offre de magnifiques vues qui sont difficilement reproductibles..



La lumière du jour qui perce les arbres joue avec mes perceptions et m'arrête plusieurs fois pour en contempler émerveillé le travail..


Après avoir descendu le long du Canyon des Erges, j'arrive sur la Plaine de Darbounouse, avec ses bergeries. La neige est maintenant toujours moins présente, et mes raquettes terminent le voyage accrochées à mon sac, en me rendant le plaisir de sentir le sol sous mes chaussures..




Le dernier point de passage avant de sortir de la Réserve Naturelle des Hauts Plateaux du Vercors est la Cabane de Carette (1.355 m), où je fais une pause de 5 minutes pour boire un coup..


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La descente sur Corrençon-en-Vercors se fait à travers de magnifiques forêts qui se laissent de temps à autres percer par de chauds rayons de soleil..


J'arrive aux alentours de midi du deuxième jour à Corrençon, en complétant la longue traversée à pied..


..mais ma petite aventure ne s'est toujours pas terminée..je dois quand même rentrer chez moi..je me mets donc dans le parking, pour me changer d'habits en vue de faire du stop et rentrer sur Grenoble.
Je n'ai pas encore enlevé la première de mes guêtres que le très aimable conducteur d'une voiture qui passait par là, un autre randonneur solitaire qui rentrait d'une excursion à ski de randonnée, se propose de me ramener..sans même que j'ai a le lui demander!! Le retour s'est donc fait en partageant histoires de montagne et d'escalade entre passionnés.
Il descendait à Sassenage, et une fois là, je décide que la journée était trop belle pour terminer ma course en transports publics..je rentre donc à pieds, en ajoutant une dizaine de km de marche à mon compte, les écouteurs diffusant dans mon crâne une paisible musique latine qui m'empêche de garder le contrôle sur mon corps, en dansant, battant des mains, sifflotant, chantant tout le long du trajet, la pensée qui revient parfois à quelques mémoires de cette toute récente expérience et qui parfois se projette dans la Grande Aventure qui m'attend et que je vais bientôt découvrir.. 


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