venerdì 5 giugno 2015

Picos de Europa

Comme d'habitude, je profite de l'accès à un ordinateur pour charger sur le blog toutes les photos que j'ai prises avec mon appareil photo depuis la dernière connexion.

Tinéo - Oviedo

















Oviedo








Après avoir quitté Oviedo, j'ai du faire le chemin entre Oviedo, sur le Camino Primitivo, et Villaviciosa, sur le Camino del Norte, sans signalisation et sans tracé sur mon GPS.
Cela a signifié quelques détours, et surtout plein de routes goudronnées, qui en l'absence de chemins alternatifs, restent la meilleure solution pour aller d'un point à un autre.




Voilà pourquoi le trajet jusqu'à Villaviciosa n'a pas grand chose d'intéressant si ce n'est que lorsque j'étais en train de rejoindre Villaviciosa je m'arrête dans un bar pour une petite pause et pour manger un bout de tortilla, qui devait avoir au moins deux jours..
Mais à part ça, une rapide discussion avec les personnes qui fréquentaient le bar et la gérante, j'apprends que c'est mieux de m'arrêter au lieu de continuer à Sebrayo, où je comptais aller.
Une fois que je leur dis que mon intention était de rejoindre le Parc Naturel des Picos de Europa depuis Colunga, ils m'apprennent une chose très importante: à Villaviciosa passe le Camín a Covadonga, chemin qui relie Gijón à Covadonga, monastère très important et lieu de pèlerinage, mais aussi porte d'entrée des Picos de Europa.
Je remercie beaucoup de l'info et décide donc de passer la nuit à Villaviciosa, pour pouvoir emprunter le chemin le jour d'après.

Les heures que j'ai à disposition à Villaviciosa sont utilisées pour une promenade dans la ville, une rapide exploration de la Ria (un marais, mais qui suite à la marée très basse ne ressemblait qu' à une petite riviére) et surtout pour télécharger toutes les cartes de ce parcours sur mon petit iPod.





Je pars à une heure raisonnable sous une fine pluie, duement couvert, et me réjouis du passage du chemin dans une forêt.



J'avance d'un pas très rapide et prends mon rythme.
La pluie et les écouteurs qui propagent dans mon crâne une succession de Placebo, Crippled Black Phoenix et Radiohead m'aident à garder cette cadence.
Le chemin est bien loin d'être fréquenté comme ceux de Compostela, et il n'est donc pas aussi entretenu.
J'adore ça!
Les passages entre la végétation, qui m'obligent à me plier pour que mon fidéle "Monster" et moi puissions passer..l'herbe haute qui, pleine de pluie, contribue à remplir encore plus d'eau mes chaussures..



Je rejoins enfin Anayo, où dans le seul bar je demande des conseils sur l'itinéraire.
J'y rencontrerai les personnes moins serviables que j'ai rencontrées depuis le début de ce voyage, qui me répondent par mono-syllabes chargés d'un air de superiorité, sans doute du au fait que j'avais demandé un thé alors qu'il étaient tous en train de boire du vin.
Il était 11h du matin.
Un client me dit que je trouverai une auberge dans un village à une quinzaine de km de là, ce qui m'aurait fait une étape de 35 km. C'est beaucoup, mais ça va.
C'est en rejoignant le village que l'on m'informe que l'auberge est fermée depuis des années, et la seule solution est de rejoindre Cangas de Onis, encore 11 km plus loin, toujours sous la pluie. Mes pieds mouillés (mes chaussures sont très bonnes mais elles ont quand même une limite d'imperméabilité) me rappellent que j'aurai vite un problème si je ne les laisse pas sécher et je continue à marcher dessus.
Le moral baisse et dans la tête je remercie ce gentleman qui a parlé lorsque il ne savait rien (les autres clients du bar avaient dit que l'auberge était fermée et lui semblait sûr du contraire..).
Mais quelques km plus tard, enfin un bar! Au moins je pourrai manger un bout! Et c'est en demandant pour une auberge que le propriétaire me dit que il a une auberge, bien que elle n'ait toujours pas l'approbation de la municipalité.
Sans hésitation je m'installe et passe une très agréable soirée avec le couple de propriétaires, des jeunes de Madrid, de mon âge, qui se sont installés à la campagne avec pour but de changer de vie.
Le leur est un beau projet, et la météo, qui en fin d'après-midi s'améliore, me laisse contempler le cadre très joli dans lequel ils sont installés.
Il y a aussi plein d'animaux dans le jardin et l'ambiance est très conviviale..de quoi passer un bon moment,quoi!



Le jour d'après je vais en direction du Parc.
La dernière ville avant de rentrer dans le Parc est Cangas de Onis, une petite ville très touristique où je prends des informations sur le Parc et surtout je m'informe sur les chemins et la météo des jours suivants.



Sur le chemin que je décide de prendre, le GR 202, ou Camino de la Reconquista (Covadonga est le lieu depuis lequel est partie la Reconquista Espagnole contre les envahisseurs), il y a deux refuges. Je décide de les appeler, pour être sûr. Manque de bol, les deux sont fermés. L'un n'ouvre que pendant les week-ends et l'autre aurait dû être ouvert depuis le 1er Juin mais un problème de changement de gestion en retardait l'ouverture de une semaine.
Tant pis, j'ai ma tente, et même si le camping sauvage est interdit, entre le fait que je n'ai pas le choix et le fait que ma discrétion rend difficile qu'on me localise (le bivouac se fait en posant la tente une fois le soleil couché et en la levant avant que ce dernier ne se lève..), je m'arrangerai. Mais je ne peux pas attendre, car si la météo est encore bonne pour le jour même et le suivant, ce ne sera pas autant pour les deux jours après, où un fort orage est prévu.
Il reste donc une opération à faire dans la ville avant de partir en direction de Covadonga et du Parc: les provisions.
J'essaye de gérer au mieux le poids et la possibilité de les préparer sans avoir besoin d'eau, car je ne sais pas si j'aurai accès à l'eau, et je ne veux pas trop me charger.
Le sac est quand même beaucoup plus lourd que d'habitude,avec trois jours de provisions, mais au moins je me sens tranquille car je ne crains pas de rester sans nourriture.
Je peux maintenant m'approcher de Covadonga et de l'entrée du Parc..




Le GR 202 commence tout de suite après la cathédrale et la grotte, lieux de pèlerinage de très nombreux pèlerins (en voiture ou en car, pas à pied!) et je l'entame donc avec déjà une vingtaine de km parcourus avec mon sac encore plus lourd.
Ça monte dans un très joli bois, et le chemin est composé de grosses pierres et de boue.
C'est raide et je me réjouis de sentir mes muscles tirer sous le poids de mon corps et de l'annexe, qui fait toujours plus partie de mon corps.
Une fois la montée dans la forêt terminée, le spectacle est ravissant: une plaine très jolie où passe une rivière.
C'est le territoire des bergers, je ne croiserai que trois randonneurs dans les deux jours qui suivent.


 Ça remonte, cette fois sous le soleil..
Les quelques kilos de plus de mon sac se sentent, mais je peux continuer, malgré l'effort consistant de chaque partie de mon corps qui donne sa contribution à cette ascension..






Les vaches sont partout..




Petite pause pour reprendre du souffle et faire reposer le dos et les épaules, mais surtout pour contempler une vue magnifique..



Et c'est reparti..



J'ai passé une source. Ma gourde était presque vide et j'ai été fortement tenté de la remplir, mais la présence d'un troupeau très nombreux de vaches tout autour m'a dissuadé de me servir.
Un berger, un peu plus loin, me confirmera l'état de potabilité de cette eau mais sur le coup je n'avais pas confiance.
Malgré tout, je trouve une autre source, et cette fois elle est sans doute potable.
Je me sers et me réjouis d'avoir assez d'eau pour boire, cuisiner un plat lyophilisé et pour commencer le début du jour successif.


J'adore cet aspect de la vie dans la Nature..le retour à la simplicité, où le luxe est absent et la réussite d'une journée dépend de la découverte d'une source d'eau potable. 
Ou encore le plaisir que l'on peut ressentir lorsque, après 200m de descente dans une direction que l'on a suivi par instinct, on aperçoit au loin de petits traits, un rouge et un blanc, sur une pierre ou un arbre, nous rappelant que on n'est toujours pas perdus..

Enfin, l'horizon s'ouvre et apparait la magnifique Vega de Comeya.


C'est beau à couper le souffle.
Une vallée dont les seul habitants sont de très nombreuses vaches et quelques chevaux, qui s'ouvre majestueuse devant moi.
L'heure tardive et la beauté du lieu me confirment que ici est le lieu où je passerai la nuit.

Le soleil couché, les cloches des vaches résonnent toujours autour du campement que j'ai établi, et parfois la cloche sonne tellement près que je me demande si elles ne vont pas écraser la tente.
Je sors à deux reprises et me retrouve face-à-face avec un petit groupe de ruminants un peu plus curieux que les autres, qui fixent ce truc bizarre duquel sort un homme..
Elles sont très marrantes!!
Bonne nuit, les vaches!

Au matin suivant, comme prévu, un dense brouillard recouvre la vallée, et j'ai deux choix: attendre qu'il se lève ou bien continuer en faisant confiance à mon sens de l'orientation, au GPS sans trace qui n'est donc que une boussole, et dans mon esprit d'observation qui me fera repérer le balisage dans cette faible visibilité.
J'ai clairement choisi la deuxième, et ensuite je me rendrai compte d'avoir très bien fait, car le brouillard ne se lèvera pas de la journée..





Le brouillard exécute un magistral strip-tease au fur et à mesure que je monte, en dévoilant par ci et par là les formes sublimes des rochers, des sommets qui sont tout autour de moi.
La visibilité s'améliore et je crois en avoir fini avec ça, mais c'est trop tôt: autre passage dans le brouillard, et cette fois pas moyen de trouver le balisage.
Je connais la direction à suivre, et à la boussole j'avance en remontant la pente sans suivre aucun chemin, en me créant mon propre chemin entre les vaches et les chèvres, impatient de apercevoir à nouveau les fameux traits qui me confirmeront d'être sur le bon chemin.
Tout ça, quand tu es seul dans un parc naturel, est d'une intensité émotionnelle bouleversante..la succession de décisions que l'on est portés à prendre, sans jamais pouvoir demander l'avis à quelqu'un est à la fois très stressant et fortement motivant: c'est ou moi ou moi!!
Ou je me sors du pétrin tout seul, ou je reste ici à attendre que la soif et la faim me convainquent d'appuyer le bouton d'appel d'émergence de mon boitier GPS qui guidera les secours jusqu'à moi.


Les paysages sont infiniment beaux, et la décharge émotionnelle continue, au fur et à mesure que j'avance et trouve mon chemin..



C'est en haut des pentes qu'il est plus facile de trouver les chemins, et la montée est compliquée, avec mon très gros sac, sans pouvoir compter sur un chemin tracé.
Je suis alors une chèvre obèse qui profite de chaque rocher pour lancer le pas qui me fera avancer un peu plus vers le sommet..


L'altitude indiquée sur mon altimètre augmente, et le brouillard diminue.
Les vaches continuent d'être présentes en forte quantité.
C'est si beau, mais je n'ai toujours pas trouvé d'eau et il me restent environ 4 gorgées d'eau.



Malgré ça, je prends le temps de me reposer une fois rejoint le Col de Odón, et de contempler la mer de nuages à travers laquelle j'ai nagé jusqu'à présent..Je fête ça avec une gorgée d'eau..


Devant moi, un nouveau monde, avec juste un peu de brouillard dans le fond.


 Le soleil tape fort, et il me reste maintenant que une petite gorgée d'eau, que je garde pour le dernier moment.. avant de rencontrer un village je devrai parcourir une dizaine de km et descendre 800m de dénivelé dans une forte pente avec des cailloux qui glissent vers le bas à chaque pas.
Je me dis de tenir bon et que ma gourde maintenant vide pourra être remplie dans environ une heure et demie, une fois que j'aurai affronté cette descente que l'on m'avait indiquée comme compliquée.



Fort heureusement, à moitié de la descente, j'aperçois un abreuvoir..il est vide..mais en m'approchant j'entends des gouttes..OUI, de l'eau!!!
Je suis sauvé!!
Le reste de la descente sera un grand plaisir, jusqu'à rejoindre une piste qui passe dans une étroite vallée où coule la rivière Cares.
C'est très beau et une randonnée facile, donc il y a plein de personnes qui la parcourent.
Quatre kilomètres plus tard, je rejoins Poncebos, où je demande confirmation pour la météo.
On me confirme que c'est bien comme je savais, c'est à dire que pour les deux jours suivants il y aurait eu un fort orage.
Encore deux choix devant moi: soit sortir du parc et aller passer la nuit dans un camping pas loin, avec le risque de ne pas pouvoir y retourner, soit rejoindre le village de Sotres,où il y a une auberge, et qui  situé à 10 km de là.Ce qui comporte encore 1000m de montée et 350 de descente.
J'ai clairement opté pour la deuxième.
Jamais un trajet n'aura été si long!
L'effort que je demande à moi même à chaque pas est monstrueux, après une journée déjà longue, mais à 8h du soir j'arrive quand même à rejoindre l'auberge.
Je suis en sueur comme jamais je ne l'ai été et j'ai du mal à sortir mes papiers lorsque la propriétaire m'enregistre.
Elle me demande de où je viens, je lui raconte le parcours de la journée et elle est d'abord surprise de l'étendue de cet effort.
Ensuite, elle essaye de soulever mon sac, et quand elle se rend compte que j'ai parcouru presque 30km, avec un dénivelé positif de 2000m, un négatif de 1850, avec ce gros sac elle me dit: "Tu n'es pas de ce monde!!!". Pourtant elle en voit tous les jours des montagnards!!
Je suis mort et décide de prendre un jour de repos, mais une fois réveillé, le beau temps qui précède l'orage et la possibilité de faire une randonnée depuis Sotres au refuge dessous le Picu Urriellu, qui st situé à 1950m, sans sac car je pourrais laisser mes affaires à l'auberge, gagnent sur mon envie de repos.
C'est donc reparti, mais cette fois léger!!
J'affronte les 1350m de dénivelé positif et autant de négatif en volant, malgré les muscles encore souffrants pour l'exploit du jour précédent.
Je rentrerai à l'auberge 4h15 plus tard, alors que la randonnée était sensée être parcourue en 8-10h, en y trouvant la propriétaire qui n'en croyait pas à ses yeux!!
"Mon Dieu, combien tu marches!!" me dit-elle!!









Des jours très intenses dans ce magnifique Parc Naturel des Picos de Europa..difficilement j'oublierais ces sensations, ces émotions, ces paysages..

Nessun commento:

Posta un commento