venerdì 30 ottobre 2015

Mission accomplie!

Grenoble, le 29 Octobre 2015

Voilà, je vous avais laissés, lors de mon dernier article, à quelques pas de la fin du GR11.

La mer était maintenant près de moi.

Je quitte Llançà et avance en direction de La Selva de Mar.

Un jeune homme qui parcourait mon chemin dans l'autre sens m'a conseillé de passer la nuit dans un refuge près du Cap de Creus, dans la Réserve Naturelle à l'intérieur de laquelle se situe le cap.
J'aurais peut-être pu rejoindre le refuge. Mais ce ne fut pas le cas.
En approchant du cap, je choisis le chemin qui monte, une dernière fois, et qui passe en face du monastère de Sant Père de Roda, très joli et intensément visité.
Pas trop pour le monastère, mais pour profiter une dernière fois du paysage depuis une position surélevée.
Je voyais déjà le monastère au loin quand j'ai croisé un jeune français qui venait de commencer le GR11 dans l'autre sens. La conversation est bien agréable, et on ne voit pas le temps passer..au total, on discutera pendant environ deux heures, à l'abri du fort vent, derrière un rocher.
Seule la lumière du jour qui commençait à changer nous donne un indice du temps qui s'écoulait vite.
On se salue et je fonce vers le bas, en direction de Port de la Selva, où j’espère trouver un supermarché d'ouvert pour pouvoir acheter le nécessaire pour mon dernier dîner de ce voyage.
Heureusement j'arrive à temps, achète de quoi me préparer un repas digne d'un roi, surtout dans ces conditions, et achète aussi une bouteille de vin rouge que je mettrai dans une bouteille en plastique et des cookies sans gluten pour fêter mon arrivée le jour suivant.
Je quitte la ville alors qu'il fait déjà noir.
La frontale m'indique le chemion à suivre pour remonter la pente et entrer enfin dans la Réserve Naturelle.
Je ne sais toujours pas où je passerai la nuit.
J'essaye de rejoindre un endroit pas trop clair sur une carte pas trop claire, dans le noir.
Après environ une heure que je marchais dans le noir, je vois des terrassements sur ma droite.. Des sapins y sont plantés à distances régulières.
C'est l'endroit idéal pour camper!
En plus, c'est derrière un mur de pierre qui côtoie le chemin battu qui parcourt la Réserve. Je peux donc me permettre de me reposer sans me préoccuper d'être en train de "violer la loi" en installant précairement mon campement dans une Réserve Naturelle.
Mon dîner, des pâtes sans gluten aux 4 fromages, avec le petit rouge, me calent et me laissent une agréable sensation dans le corps.
Je suis ressaisi!
Le vent agite les pins, qui dansent sensuellement, juste pour moi.
Les étoiles me rappellent le privilège que j'ai vécu en établissement tous les jours mon campement à l'extérieur.
En absence d'un toit, le plafond d'étoiles est le meilleur point sur lequel se concentrer avant de laisser que la fatigue s'empare de nous.

Le matin suivant, enfin, je m'apprête à rejoindre le Cap de Creus!!


Je marche lentement, il fait chaud.

Plus ou moins 3 heures de marche sont nécéssaires afin de rejoindre le premier panneau indiquant......... le phare du Cap de Creus!


Je suis épuisé, mais les sensations et les émotions tourbillonnent en moi.
Je vais bientôt conclure 4 mois de marche sans arrêt, et surtout le projet de faire la traversée des Pyrénées Espagnoles, d'Ouest en Est, et qui m'a occupé pendant les neuf dernières semaines.

J'ai envie de pouvoir enfin sentir le soulagement que donne le fait de rejoindre un objectif pour lequel on a tant travaillé.
Envie de voir ce que va de donner la vision de la dernière balise du GR11.
D'éprouver cette fierté que seulement l'on peut éprouver lorsque l'on poursuit ses rêves.
Mais je n'avais pas envie que cette aventure se termine.

Et, malgré le fait de n'avoir aucune idée sur ce qui en sera de moi dans les prochains temps, je suis en train d'envisager de faire une pause.

Malgré ces sentiments contrastants, je continue d'avancer..mon sang bouillonne dans les veines, l'attente se fait toujours plus difficile.

C'est là que, pour la première fois, je décide de continuer mon voyage à pied en traversant intégralement la Cordillère des Andes de Nord en Sud.

Le phare apparaît dans le fond..
Je suis tendu.

Il y a plein de monde, on peut rejoindre le phare en voiture.
La petite route qui y mène est très traffiquée.
Plein de monde, de partout, mais je suis dans MON monde.
Là, je suis seul.
Je suis en train d'arriver en face d'un endroit que j'ai longtemps imaginé.
On n'est pas dans le même endroit, ces gents là et moi.
Ils sont en train de faire un tour voir une attraction locale, je suis mon chemin jusqu'à sa seule conclusion possible.
Après tant de temps passé à franchir des montagnes, le chemin se termine dans la Mer Méditerranée.

Au fur et à mesure que j' approche je me demande comment je réagirai..
Malgré tout, je pensais pire..

Et là, derrière un rocher, la voilà.

La dernière marque qui indique la voie le long de la traversée des Pyrénées..

Elle est ronde, pas simplement composée de deux traits parallèles comme toutes les autres. 
C'est bien la dernière!!

À peine je me rends compte d'avoir enfin rejoint la fin de cette longue traversée, la tension qui était en moi, surtout après les derniers éventements, explose et je me retrouve en sanglots.

"J'ai réussi!!"


J'explose de joie. Je prends des photos, une vidéo pour ma famille, pour leur montrer de quoi je suis capable.
J'ai réussi.

Je dois, maintenant, symboliquement conclure ce trajet en rentrant dans la Mer.
J'étais en fait rentré dans l'Océan avant de commencer la traversée.

Je me déshabille, je n'y crois toujours pas.

Tiens, voici un endroit entre les rochers où il n'y a personne, bizarre.
C'est donc ici que je symboliserai la fin.

Je rentre, tout doucement dans l'eau.
Sous mes pieds, je sens que ça pique bien fort, mais "Pas de soucis, ça doit être dû aux aspérités des rochers sous mes pieds nus", pense le montagnard habitué à d'autres milieux.


C'est lorsque je quitte le Cap de Creus, en direction du camping de Cadaquès, que je me rends compte d'avoir mal sous mon pied gauche. J'attribue cette douleur à la marche prolongée, à une fatigue musculaire.
Je fais du stop et après environ une demi-heure un couple de jeunes espagnols me conduisent au village.
Je m'installe au camping.
J'ai toujours plus de mal à marcher comme il faut.
Un peu de repos arrangera tout.

Je fais des courses, et en rentrant au camping j'entends une voie qui crie mon nom..
HAKKE!
La petite néerlandaise était là, avec deux autres, pas loin de mon emplacement!
Quel plaisir de la revoir!
On se raconte ce qui nous est arrivé dans les deux dernières semaines.. Elle aura abandonné à très peu de la fin, car elle était plus que épuisée, et avait passé quelques jours en profitant de la mer.
À dix-neuf ans, elle a pratiquement parcouru tout le GR11. Seule.

Je lui raconte de mes mésaventures.

On prend l'apéro tous ensemble, avec ses deux potes californiens.

On discute, en cercle.

Il fait sombre,mais je ne veux pas me servir de ma frontale, pour ne pas déranger ceux qui sont en face de moi.
Je prépare donc mon dîner dans le noir.
Une fois prête, ma soupe doit encore être arrangée en goût..un peu de sel, de poivre..un peu de fromage..de l'huile d'olive vierge extra..C'est prêt!
"Allez, je me sers!"..et TAC, je cogne contre le manche de ma casserole, qui se renverse sur moi.

J'avais des chaussons percés qui permettent au liquide visqueux de pénétrer et de remplir ma chaussette.
Juste le temps de tout enlever et les dégâts sont déjà évident: en plus d'avoir perdu mon dîner, j'ai une forte brûlure au pied gauche.
Sur conseil de la fille californienne, j' applique de l'huile essentielle de lavande sur mes brûlures.
Mais, malgré çà, j'aurai de grosses cloques là où s'était concentrée l'action de la soupe assassine!

Je passe la nuit en essayant de rester tranquille.

Au matin suivant je rencontre encore une fois le couple d'allemands, au lavoir du camping! Ils ont terminé le jour précédent, comme moi. Ils auront parcouru le dernier morceau en stop, se contentant d'avoir rejoint la mer à Llançà.
Julien est infirmier! Voilà une bonne nouvelle!
Il regarde mon pied, qui me fait toujours plus mal.
Sa valise de premiers secours (géante!!) m'est utile, pour appliquer des crèmes sur mes brûlures et pour essayer de soigner mon pied.
Il est maintenant évident que j'ai des épines dans le pied, ce n'est pas un problème musculaire.
Des épines d'oursin.
Et des brûlures.
C'est bien, d'être arrivé!

Au moins je ne dois pas continuer à marcher.. je vais donc à deux heures de là, à Barcelona, où je passerai quelques jours avec mes potes, en essayant de me soigner le mieux possible et de comprendre ce qui va m'arriver prochainement..

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